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Retour sur le Vote du PDU

« Le PDU est adopté, les politiciens ont perdu ».

Voici la sentence prononcée par Eugène Caselli, président de Marseille Provence Métropole à l’issue du vote du Plan de déplacements urbains mené il y a quelques jours.  C’est une phrase divisée en deux informations qu’il faut analyser en sens inverse : d’abord, il y a eu affrontement entre plusieurs groupes ou personnalités politiques présentes, ensuite les détracteurs du PDU ont perdu la bataille face à Monsieur Caselli. Il est vrai que plusieurs conseillers municipaux ont élevé la voix contre la présentation de ce PDU, en vain. Malgré une absence de majorité et un score relativement serré (73 voix pour, 59 contre et 11 abstentions), le président de MPM a fait passer son projet grâce aux élus non alignés et aux élus de tous bords des dix-sept autres communes de MPM.

Pour autant, on peut se demander quelles ont été les revendications des conseillers municipaux en opposition au PDU, que l’on peut apprécier comme nombreuses. Cette résistance étonne dès lors par la cohésion qu’elle génère au sein des diverses tendances politiques présentes, à l’exception du centre-droit (UDI) mené par Robert Assante.

Parlons déjà de la droite marseillaise qui s’est opposée au PDU : elle qui avait voté favorablement pour le projet le 14 décembre dernier, elle a pourtant vite déchanté : d’abord à cause du compte administratif 2012, ensuite par le recul du projet BUS (Boulevard Urbain Sud) à l’horizon 2020-2023. Une attaque contre laquelle se défend Mr Caselli en évoquant deux faits : la communauté urbaine finance déjà la rocade L2 à hauteur de 30 millions d’euros par an pendant 5 ans, et la droite qui lorsqu’elle était « aux affaires » a préféré financer la construction du tramway plutôt que celle du BUS. L’Union pour l’Avenir Communautaire (UPAC), incarnée par Laure-Agnès Caradec, Marie-Louise Lota et Valérie Boyer – reproche en fin de compte le manque de véritables priorités à financer, et c’est pourquoi les élus UMP marseillais ont transformé leur intention de s’abstenir en vote d’opposition.

A gauche, deux conseillers municipaux PS emblématiques ont contesté le PDU d’Eugène Caselli bien que celui-ci soit également socialiste. Il s’agit de Samia Ghali et de Patrick Mennucci. La première souhaiterait une plus grande préoccupation des quartiers défavorisés de Marseille, un développement certain des transports urbains et une meilleure desserte du CHU Nord par le métro ou le tramway. Le second soutient Samia Ghali dans son combat pour l’hôpital Nord et ajoute ne pas comprendre comment un projet de téléphérique allant vers la basilique Notre-Dame-de-la-Garde serait prioritaire. Sa suggestion au président de MPM de repousser la délibération sur le PDU sera rejetée.

Chez Europe-Ecologie-Les-Verts, menés ici par Olivier Agullo, l’idée que notre cité est celle qui possède le moins de pistes cyclables en devient insupportable, tout comme le fait que nous soyons bonnets d’âne en termes de pollution, de saleté et de limitation d’embouteillages. En cause selon les écologistes : les choix politiques opérés qui ne correspondent pas à la réalité de Marseille. Si la construction de la rocade L2-Est est admise, celle du Nord ne l’est pas car quatre voies existent déjà. Le coût de ce projet, estimé à 600 millions d’euros, pourrait plutôt servir à créer une nouvelle ligne de métro dont manque cruellement la cité phocéenne. On dénonce aussi un partenariat public-privé qui arrangerait largement plus les grands investisseurs tels que Bouyques, plutôt que la population…

Enfin, le groupe Communiste Républicain et Citoyen (CRC) dirigé par Frédéric Dutoit est resté fidèle à ses positions puisqu’il s’était déjà abstenu de voter le PDU en décembre 2012. C’est donc sans surprise que ses membres ont présenté 21 propositions pour l’améliorer. Là aussi, on critique la programmation ex nihilo du téléphérique de Notre-Dame. On déplore aussi la politique du « tout voiture » alors que la nécessité pour Marseille de mettre en place des transports en commun efficaces et peu polluants est à la fois évidente et urgente. D’ailleurs, les élus de gauche aimeraient bien voir se développer les modes de transport électriques, soit le métro et le tramway, mais aussi depuis récemment la navette maritime. Enfin, on évoque le PLU, Plan local d’urbanisme qui doit être intrinsèquement lié au PDU car logement et transport se doivent de faire bon ménage.

L’enquête publique sur le PDU aurait pu aider à y voir plus clair dans les priorités selon les Marseillais, malheureusement malgré l’enjeu, cette enquête n’a été que peu relayée…

Audrey Pini pour Citoyens13

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